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Avant
les fleuves et les orgiaques repas des vents et des tempêtes,
le son incréé dormait dans le berceau du néant.
Le créateur alla le réveiller ! Trois principes tantriques
comme trois fées se penchèrent sur son berceau L’Essence
(Bindu), le son (Nâd), l’impulsion (Spandam). L’humanité
gravit une à une les marches de l’évolution, philosophes,
savants et théologiens eurent conscience de l’importance des
sons. Des Védas à l’Évangile selon Saint-Jean,
les Ecri-tures sacrées placèrent la vibration au commencement
de la création, et l’homme crut aux ver-tus des sons magiques,
à leur puissance et les associa à des danses, des gestes
symboliques, des rituels. Chaque chant dans sa bouche était
une re-création du monde et chaque retour au silence, une méditation
sur son mystère. Ces sons primordiaux se manifestaient sous
la forme de voyelles, de maux de puissance, de noms-germe ou Bîja,
de formules syllabiques et incanta-toires. Parmi ces sons, le plus
connu, OM, le Verbe imprononçable de Dieu qui, dans la tradi-tion
hindouiste contient les écritures sacrées et la totalité
des harmoniques, mais aussi lES-CHOUAH, LUMEN, ADONAI, ALLELUIA, ou
encore le OIW celtique, l’alphabet des arbres etc. Ces mots dits de
puissance ne gardaient leurs pouvoirs que s’ils étaient émis
avec discernement dans le cercle étroit des initiés
et en respectant des règles rituéliques précises.
Le chant des voyelles, Démétrios de Phalère,
brillant orateur de la Grèce antique, le vantait déjà
trois cents ans avant notre ère: “En Égypte, les prêtres
chantent les louanges des Dieux en se servant des sept voyelles qu’ils
répètent successivement et l’agréable euphorie
du son de ces lettres peut tenir lieu de flûte et de cithare.î
Ces voyelles qui font la beauté du chant grégorien ou
la pro-fondeur des chœurs des moines tibétains génèrent
un phénomène acoustique naturel: la pro-duction de fréquences
harmoniques. Le passage d’une voyelle à une autre produit des
sons flûtés dans l’aigu: Une seconde voie qui s’ajoute
au son grave continu. En effaçant par exemple les consonnes
du mot ALLELUIA pour ne garder que les voyelles (A, E, U, 1, A), des
sons har-moniques purs émergent du chant ainsi obtenu si l’on
prend soin de lier chaque voyelle à la suivante, d’accompagner
chaque transformation voyellique par un travail d’écoute intérieure.
Les prêtres égyptiens utilisaient peut-être ces
résonances particulières pour entrer en extase et communier
avec le cosmos. La concordance entre les sons de voyelle et les planètes
a toujours aiguisé l’imagination des Anciens. Élargir
le champ de son ouïe, l’ouvrir aux sublimes sym-phonies du monde.
Le philosophe néoplatonicien Jamblique parle de Pythagore:
"Sans doute utilisait-il quelques ineffables qualités divines
qu’il est difficile d’appréhender et lui seul, semble-t-il
pouvait ouïr et comprendre l’harmonie universelle et la consonance
des sphères et des étoiles qui en reçoi-vent
leur mouvement, où se fait une mélodie plus ample et
plus intense que toutes celles qui sont produites par des sons mortels.
Or cette mélodie résultait d’aspects dissemblables,
des nombreuse différences entre les sons, des vitesses, des
grandeurs, des intervalles qui se trouvaient disposés entre
eux selon certains ratio hautement musicaux et produisait un mouve-ment,
une convolution d’une extrême douceur et d’une beauté
fort variée". Nicomaque de Gérase, mathématicien
et pythagoricien (premier siècle avant Jésus-Christ)
évoque ce concert de l’univers et cette appartenance de la
consonne et de la voyelle respectivement au plan maté-riel
et divin: les sons de chacune des sept sphères produisent un
certain bruit, la première réalisant le premier son,
et à ces sons l’on a donné les noms ... (ARTICLE COMPLET SUR
ABONNEMENT).
Philippe BARRAQUÉ
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